Allez...ne le cachons pas...je suis obligé d'avouer qu'il y a des moments pire que celui là à vivre dans une vie de dégustateur
Mais j'avais à ma table ce soir un très grand vigneron Bourguignon et j'ai trouvé que c'était un prétexte parfait pour ouvrir une grande bouteille.
Vous auriez fait quoi vous ? Z'auriez ouvert un petit Côtes de Provence pour lui montrer qu'on n'était pas ignare non plus dans le coin ? Ou un Côteaux de Pierrevert, histoire de montrer que même des appellations méconnues peuvent faire des vins sympas ?
Et puis cela m'a donné l'occasion de goûter un 96. Ce n'est pas un millésime que je goûte souvent en Bourgogne. Il faut dire que ce millésime possède depuis le départ une acidité assez forte, qui prédispose au vieillissement, certes, mais qui impliquait tout de même de donner aux vins le temps de s'arrondir un peu, et ce, en blanc comme en rouge pour la partie Bourguignonne.
Bref, ce soir, j'ai pu tester de l'évolution...
Le nez est très agréable, franchement orienté vers la rose, davantage encore que sur les fruits rouges. Un nez délicat, un parfum subtil !
En bouche, ma première impression fut d'être un peu surpris que ce vin soit aussi relativement accessible. Entendons nous bien, il n'est pas prêt, mais je craignais qu'il fut plus fermé, et que l'acidité serait plus féroce que celle que j'ai trouvée. Mais non, ce vin se goûtait plutôt bien. Le corps est enveloppé de soie...c'est d'une grande harmonie.
Seule la sensation de fin de bouche est venue me rappeler cette particularité de la Romanée St Vivant du domaine de la Romanée Conti , à savoir cette espèce d'amertume, un peu incompréhensible et dérangeante mais qui signe parfaitement ce vin au domaine. Pour en avoir parlé à plusieur reprises avec le maitre de chais, Bernard NOBLET, celui ci constate en effet cette amertume qui est la vraie signature de la St Vivant chez eux.
A noter toutefois, que ce petit défaut a été corrigé à partir du début des années 2000, (ne me demandez pas comment !) et que ceci n'apparait plus dans les derniers millésimes.
Mais revenons à notre vin. Long et puissant dans la délicatesse. N'était ce final un peu déconcertant, on aurait eu un très grand moment. Là ce fut juste un grand moment !
Et partagé avec quelqu'un particulièrement à même de l'apprécier...