Ce blog avait trois ans...overblog remplaçait Médiapart
Déjà un grand gourmand perçait sous Papada,
Et des premières recettes, déjà, par maint endroit,
Les bonnes sauces au beurre brisaient mon pauvre foie,
Alors pour les poissons, je vidais les casseroles,
Evitant la murène, lorgnant plutôt les soles,
Homard d'un bleu breton, souverain cette fois,
Apaisant ma douleur, pour me laisser le choix;
Si facile au début, comme au temps de ma mère,
Assaisonner le tout, pour changer l'ordinaire,
Et me ressaisissant, m'emparant d'un couteau
Pour trancher dans le vif, lui dus briser les os.
Ce cuistot enflammé buveur mais jamais ivre
Et qui bien rarement consultait dans les livres,
C'est moi. -
Je vous dirai peut-être quelque jour
Quel lait pur, que de vins, que de voeux, que d'amour,
Prodigués en cuisine, sans jamais me damner,
M'ont fait autant de fois et pour vous m'obstiner,
Anges, vous voici attachés à mes pas
Inspirant mes recettes en ne mesurant pas !
Ô vous beaux emplumés, souffle divin qui vit
Inspiration, desir, qu'inconscient je suivis !
Tables si généreuses où je puis envoyer
A chacun sa vraie part, ô douceur du foyer !
Je pourrai cuire un jour, d'une main vigoureuse
Les mets les plus exquis et taquiner la gueuse,
Et vous dire comment sans la moindre douleur
Quelle belle huile d'olive remplaça le bon beurre,
Dans un fumet exquis, brisant toute défense
Je le bannis un jour avant qu'il ne fut rance.
Lorsque, invitant Pluton à s'asseoir sur mon banc,
J'ouvris d'un geste auguste une quille de blanc,
De ces grands Chardonnays qui grandissent avec l'âge
Et nous laissent pantois, ô quels précieux breuvages !
Même quand jeune encore, trop vite débouché
J'ai plus d'un souvenir si vite déclenché,
Pouvant bien distinguer sous leurs robes dorées
Ces grains nobles et fiers qui me mettent en arrêt.
Certes, plus d'un Bourgogne j'ai décidé de boire,
Attachant à jamais, mon âme au Pinot Noir,
Compagnon merveilleux des agapes superbes
Où les coeurs sont ardents, comme le blé en herbe.
Tout ce que j'ai testé, tout ce que j'ai tenté
Tout ce qui m'a surpris, tous les accords tentés,
Cent fois sur le fourneau je mettrais mon ouvrage
Qu'à chacun d'y trouver l'écrevisse à la nage !
Et quoiqu'encore à l'heure où le bouillon frémit,
Je goûterai encore jusqu'à c'que tout soit cuit.
Si parfois de ce blog viennent des commentaires
Je m'engage pour toujours à ne jamais les taire,
S'il leur plait de lâcher de rares perfidies
Qu'elles soient alors honnêtes, pas l'oeuvre de bandits !
Si j'ébranle la raison avec ma fantaisie
Faisant à ma façon ce que d'autres ont choisi
Ne m'en veuillez jamais, ne me condamnez pas
Essayez je vous prie mes modestes repas,
Sachez imaginer les multiples émois
Ayant pu présider à certains de mes choix.
Dans les moules profonds où règnent les terrines,
Que d'un coeur généreux je sers à ma gamine,
Ayez toute indulgence, n'allez pas vous hâter
De me réprimander quand l'effet est raté,
Tout essai, tentative même bien maladroit
Est toujours préférable à l'absence de foi
Puisqu'en dernier ressort en toute humilité
Il vaut mieux être mort que n'avoir rien tenté !
Et toi mon appareil, après tant de clichés
Dédaignant le vermeil, vient pourtant me lâcher
Regardant de très haut, peut-être l'Olympus
Où les dieux ravissants, me soufflent des astuces.
Rien d'immonde en mon coeur, aucun édulcorant
Ni exhausteur de goût, aujourd'hui comme avant !
Reprenant mon fouet pour battre blancs en neige,
Alignant madeleines pour les mettre en cortège,
Je ne saupoudrerai que d'un peu de muscade
Les jolies béchamels qui ne sont jamais fades.
Et vous rôtis, gâteaux, soufflés, volailles,
Vous ne rougirez point devant les cochonnailles,
Fidèle enfin au sang qu'ont versé dans ma veine
Mes parents endormis qui m'ont appris la peine !